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Note conceptuelle _ Atelier UAR - RAI Italia sur la couverture médiatique des féminicides

Transformer les récits médiatiques : Couverture éthique et engagement stratégique sur le Féminicide

Atelier conjoint Union Africaine de Radiodiffusion (UAR) - RAI Italia

Date: 15 - 16 décembre 2025, en ligne

Thème: De la parole aux actes: Renfocer l'impact des médias dans la prévention des féminicides".


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Note Conceptuelle


Le féminicide — le meurtre intentionnel de femmes en raison de leur genre — est une crise croissante en Afrique, où l'on enregistre certains des taux de violence basée sur le genre les plus élevés au monde.


Selon l'Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC), l'Afrique et l'Asie concentrent le plus grand nombre de cas de féminicides à l'échelle mondiale, avec une estimation de 20 000 femmes assassinées sur le seul continent africain en 2022.


L'Afrique du Sud affiche un des taux de féminicide les plus élevés au monde (12,1 meurtres pour 100 000 femmes), soit près de cinq fois la moyenne mondiale. Au Nigeria, plus de 21 000 cas ont été signalés en 2023, impliquant souvent des violences conjugales. Le Kenya a également connu une augmentation alarmante (au moins 500 femmes tuées dans des attaques liées au genre en 2022). D'autres pays sont fortement touchés, notamment la Zambie (près de 50 % des homicides de femmes liés à la violence conjugale) et l'Ouganda (56 % des femmes tuées en 2021 étaient victimes de violence domestique).


Dans de nombreux pays africains, la faiblesse des cadres juridiques et l'application inadéquate des lois aggravent la crise. Par exemple, au Nigeria et en Afrique du Sud, les lacunes en matière d'enquête, les faibles taux de condamnation et les retards du système judiciaire entraînent un cycle persistant d'impunité. Ces déficiences soulignent le besoin urgent pour les médias de mettre en lumière non seulement les tragédies individuelles, mais aussi les défaillances systémiques qui permettent au féminicide de se perpétuer.


L'impact du féminicide s'étend bien au-delà de la perte immédiate de vies. Les survivantes souffrent souvent de traumatismes physiques et psychologiques à long terme. Au Kenya, la pression sur les services de santé est évidente, avec un nombre élevé de femmes nécessitant des soins pour des blessures liées à la violence domestique. Cette charge sanitaire, couplée à la stigmatisation autour de la santé mentale, rend nécessaire des récits médiatiques qui abordent les conséquences plus larges du féminicide sur la santé publique et le bien-être.


Les forces de sécurité dans de nombreuses nations africaines peinent à protéger les citoyennes, étant souvent mal équipées ou insuffisamment formées pour gérer la violence basée sur le genre. Au Zambie, le manque de ressources et de formation a limité le succès des initiatives de sécurité communautaire. Une couverture médiatique qui examine de manière critique ces lacunes peut jouer un rôle clé en plaidant pour de meilleures mesures de protection et la réforme des protocoles de sécurité.


Des normes culturelles profondément enracinées et des traditions patriarcales contribuent significativement à la prévalence du féminicide en Afrique. Dans des pays comme la Sierra Leone, la normalisation de la violence crée des environnements où le féminicide est parfois excusé. Une couverture médiatique sensationnaliste occulte souvent ces facteurs socioculturels. Une approche plus nuancée, éthique et riche en contexte est essentielle pour promouvoir une culture de respect et d'égalité.

L'instabilité politique et la faiblesse de la gouvernance exacerbent la crise. Les dirigeants politiques ont souvent tardé à mettre en œuvre des réformes, en partie à cause des attitudes patriarcales au sein des institutions. En Afrique du Sud et au Nigeria, les échecs politiques contribuent au scepticisme public quant à la capacité de l'État à protéger les femmes vulnérables. Un journalisme responsable, en mettant en lumière la responsabilité politique, peut aider à orienter des changements de politique assurant une plus grande protection.

Les coûts économiques du féminicide sont souvent sous-estimés : perte de productivité, augmentation des coûts de santé et impact économique à long terme sur les familles. La dépendance économique des femmes à l'égard des hommes aggrave souvent la situation. Une couverture médiatique qui intègre des analyses économiques peut éclairer comment le féminicide entrave le développement.


Malgré la gravité de cette crise, la couverture médiatique reste souvent fragmentée, superficielle ou sensationnaliste. Les incidents sont traités comme des nouvelles éphémères, sans le contexte et l'analyse sociétale nécessaires. Cette représentation inadéquate renforce les stéréotypes et contribue à une culture d'indifférence. Un journalisme éthique, responsable et informé a un rôle central à jouer dans l'élaboration du discours public et l'impulsion de réponses politiques significatives.


Focus


L'atelier vise à donner aux journalistes les compétences, les cadres éthiques et les perspectives stratégiques nécessaires pour produire des reportages approfondis, précis et percutants sur le féminicide et la violence à l'égard des femmes. En favorisant un journalisme responsable, l'atelier cherche à transformer les récits médiatiques, à remettre en question les normes néfastes et à susciter des changements politiques et sociétaux à travers le continent.


Objectifs de l'atelier


  1. Analyser de manière critique : Permettre aux journalistes d'examiner la couverture médiatique actuelle du féminicide en Afrique, d'identifier les lacunes et de souligner les problèmes systémiques.

  2. Améliorer la capacité : Offrir une formation complète sur le journalisme d'investigation, le récit éthique et le journalisme tenant compte des traumatismes pour couvrir ces questions avec la profondeur et la sensibilité requises.

  3. Explorer les meilleures pratiques mondiales : Examiner les initiatives réussies (telles que la mise en œuvre de bureaux du genre en Europe et aux États-Unis) et discuter de leur applicabilité dans le contexte africain.

  4. Élaborer des recommandations stratégiques : Formuler des stratégies concrètes pour guider les organisations membres de l'UAR dans l'amélioration de leurs politiques éditoriales et de leurs reportages sur le féminicide et la violence basée sur le genre.

  5. Favoriser la collaboration : Construire un réseau transfrontalier parmi les journalistes africains pour promouvoir un dialogue soutenu, le partage des connaissances et des projets collaboratifs sur le reportage sensible au genre.

  6. Stimuler le reportage percutant : Encourager la production d'histoires d'enquête axées sur l'humain qui non seulement informent, mais influencent également le discours public et les politiques relatives au féminicide.


Résultats Attendus


  • Qualité des reportages améliorée : Les journalistes produiront des rapports exhaustifs qui contextualisent le féminicide dans ses dimensions juridiques, sanitaires, sécuritaires, socioculturelles, politiques et économiques.

  • Influence sur les politiques : Grâce à des reportages nuancés, les récits médiatiques aideront à façonner l'opinion publique et à plaider en faveur de réformes politiques robustes.

  • Renforcement des capacités : Établissement d'un réseau durable de journalistes engagés dans le reportage éthique sur la violence basée sur le genre.

  • Changement institutionnel : Les recommandations et les meilleures pratiques seront intégrées dans les protocoles des salles de rédaction, promouvant un journalisme sensible au genre et durable.

  • Sensibilisation du public : Augmentation de la compréhension publique de l'impact multifacette du féminicide, catalysant les réponses sociétales et politiques pour mettre fin à la violence contre les femmes.


Public Cible


L'atelier réunira des journalistes de radio et de télévision de toute l'Afrique, membres de l'UAR. Les participants comprendront :

  • Rédacteurs en chef et producteurs seniors

  • Journalistes d'investigation

  • Journalistes spécialisés dans le genre, la santé, la sécurité et les droits humains

  • Décideurs politiques en matière de médias et organismes de réglementation

  • Représentants d'organisations de la société civile dédiées aux droits des femmes et à la défense contre la violence basée sur le genre.


Conclusion


Le féminicide et la violence à l'égard des femmes sont des crises à multiples facettes qui exigent une réponse complète et multidimensionnelle. En Afrique, où les lacunes juridiques, les crises sanitaires, les vulnérabilités sécuritaires, les normes culturelles profondément ancrées, l'inertie politique et les défis économiques se recoupent, une approche transformative du reportage médiatique est urgente. Cet atelier offre aux journalistes de radiodiffusion africains l'opportunité non seulement d'améliorer leurs compétences professionnelles, mais aussi de devenir des catalyseurs de changement social.

En remodelant les récits médiatiques par le journalisme éthique et d'investigation, nous pouvons contribuer à un avenir où le féminicide n'est pas vu uniquement comme une statistique tragique, mais comme une injustice évitable — une réalité qui impose une réforme systémique et un engagement collectif à protéger les droits des femmes. L'Union Africaine de Radiodiffusion est déterminée à mener ce changement et à favoriser un paysage médiatique qui défend la justice, la responsabilité et la dignité humaine.


Lien de participation :

 
 
 

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